STATUE SONGYE / NKISI

Origine : République démocratique du Congo

Période : Début du XXe siècle

Matériaux : Bois, chanvre, perle de verre et corne d’antilope

Historique : Le pays Songye se situe au sud-est de la République démocratique du Congo (capitale: Kinshasa)
C’est un grand territoire proche d’un autre grand peuple le puissant royaume Luba, avec qui ils partagent des concepts spirituels et des solutions plastiques proches.

Cette statue est bâtie selon des canons très cubistes, propres à ce style.
Appelé Nkisi, c’est le représentant de l’ancêtre primordial, qui peut être aussi bien féminin que masculin. La tête est classiquement volumineuse, avec des yeux démesurés – parce qu’ils voient tout, aussi bien le visible que l’invisible. Elle prend ici, par son menton prognathe, la forme du masque classique des Songye, le Kifwebe. Le nez très busqué et aplati s’ouvre sur un large front dégagé avec une limite des cheveux marquée. Le buste est presqu’entièrement occupé par les épaules très carrées, les bras, séparés du corps, enlacent le ventre très proéminent en signe de prospérité féconde. Les bras permettent le portage de la statue au dessus de la tête pour la monter aux autres membres de la communauté. Les jambes très courtes, elles aussi très cubistes sont portées par des pieds très larges sur un socle  intégré à la statue.
Elle porte encore son pagne en raphia. Le sexe est toujours figuré, symbole de fécondité et de joie au sein de la communauté. Au sommet de la tête, une corne d’antilope, plantée dans le crâne, signifie que le guérisseur du village, appelé nganga, a « chargé » la statue afin que les potions médicinales qu’elle renferme, protège son possesseur. Aucune statue n’existe en temps que telle si elle n’a pas reçu la charge spirituelle par le nganga qui seul, lui confère son pouvoir bénéfique.

On retrouve ces statues aussi bien au sein d’une famille que dans la maison des esprits, ou celle du nganga, garant statutaire du bien-être de la communauté. Dans ce cas, elles sont plus grandes et peuvent atteindre 1,50 m. Elles portent alors un grand nombre de charges, dans le nombril, autour du cou, de la taille, des jambes, faites de coquillage, peau d’animaux, d’autres cornes, des graines, des petits paniers,…
Ces statues Nkisi  ont un rôle fondamental comme représentant des ancêtres, et primordial comme protecteur de la communauté. Le Nkisi EST l’esprit des Songye.

Provenance : Collection PFAFF, collection privée française constituée par un pilote de ligne après la seconde guerre mondiale.

Marcel Pfaff (1910-1984), pilote de chasse pendant la 2è guerre mondiale, démobilisé en 1945, ses amis de l’époque qui sont aussi ses mentors, Dieudonné Costes et Maurice Bellonte, le convainquent de rejoindre l’aviation civile et la jeune compagnie Air France ex-Aéropostale depuis 1933. Il assurera pendant plusieurs années la ligne Toulouse/Brazzaville (avec pas moins de 14 escales Dakar-Baloma-Conakry-Robertsfield-Abidjan-Accra-Lomé-Cotonou-Lagos-Douala-Libreville-Port Gentil-Pointe Noire-Brazzaville).
Ses nombreux contacts sur place lui permettront de parfaire son goût pour l’art africain et son attirance pour des pièces fortes que sont ceux qu’on appelait fêtiches: Nkisi des Songye, Nkondi à clous des Bakongo, les statues Luba, LwaLwa, Yaka,…il devint vite très connu des « antiquaires » de Brazzaville et Kinshasa (séparées par le fleuve Congo) qui lui amenaient les pièces directement à l’aéroport – même s’il a pu se rendre à 2 reprises dans l’Est du pays, à Kisangani et Lubumbashi, ce qui dans les années 50-60 représentait une réelle aventure, dans ce pays en pleine mutation, passant de la tutelle de la Belgique à l’Indépendance dans des chocs politiques souvent dramatiques.
Plus tard il a sillonné les lignes de l’Atlantique Nord et du Japon, plus compatibles avec sa vie de famille, devenant commandant de bord sur le prestigieux 747, avant de prendre sa retraite en 1974.