OCTOBRE – NOVEMBRE 2025 / SYMPHONIE AILÉE / Béatriz Garrigo, céramiste par Anna Galet, photos Laurine Paumard
Dans les monts du Perthus, les oiseaux dialoguent avec les plantes et les lézards.
Beatriz Garrigo braconne ces instants de grâce, puis les immortalise sur la toile ou dans l’argile. Ses œuvres poétiques sont exposées à La Maison de Commerce à Paris et à la Galerie OΔK Oneofakind Toulouse.
Dans son repaire des Albères, là où les Pyrénées vont vers la mer, Beatriz Garrigo crée.
Depuis son enfance barcelonaise élevée dans le sillage de mère couturière, peintre et céramiste, elle connaît la jubilation de faire avec ses mains et de jouer avec la peinture. « Certains enfants rêvaient de mer ou de montagne, moi j’allais à l’école des Beaux-Arts de Barcelone », dit-elle en riant. À l’école des Beaux-Arts de Barcelone, dans les années 1970, juste après le décès de son père, elle se lance dans un travail académique qu’elle n’a jamais arrêté – sur le signe et sur la ligne. Après avoir exploré de grandes variations autour de la flore de l’Amazonie et sur les routes d’Amérique du Sud, elle s’établit en France, dans les Pyrénées-Orientales, à la frontière franco-espagnole, sur cette terre si tranquille qu’attachée à l’argile.
Car dans ce massif montagneux et sauvage, loriots, rouges-gorges, libellules et lézards, entremêlés avec la végétation, tissent chaque jour les motifs d’une tapisserie vivante. « En peinture comme en céramique, les sources d’inspiration sont les mêmes. La céramique est juste un autre support, qui apporte le volume. » L’art de la terre, chez cette Catalane, est un atavisme. « Mon grand-père et ma mère chainaient de la céramique ancienne aux Puces et Encants à Barcelone. J’ai toujours vécu entourée de plats, pichets et autres grès émaillés. » Aujourd’hui, Beatriz passe constamment d’un médium à l’autre, captant sur la toile ou dans la terre rouge de La Bisbal le surgissement du merveilleux au cœur du quotidien. « Je tente d’exprimer la magie de l’instant. » Une magie qui a séduit galeries et conservateurs de musées, à Collioure, Perpignan, Toulouse, mais aussi à Paris, au siège de l’Unesco, où Beatriz a participé à de grandes expositions collectives.
La Maison de Commerce de Paris, avec qui elle collabore depuis longtemps, lui offre cette année une double exposition, mêlant peintures et céramiques.
« J’ai voulu, confie-t-elle, instiller un peu de poésie dans la dureté du monde. »
À quel moment l’artisanat devient-il de l’art ?
« Je ne saurais le dire, répond Beatriz. Mais je me souviens qu’autrefois, pour échapper à une famille bruyante, je me réfugiais dans la quiétude du musée d’Archéologie de Barcelone. Il y avait là, dans les vitrines, de petits morceaux de céramiques très anciennes. Pour moi, c’était de l’art. Ce qui fait la différence, c’est l’émotion. »